L’Abeille et le Frelon
Une abeille dès le matin
Après avoir sucé mille fleurs d’un parterre,
Revolait vers sa ruche avec force butin.
Un frelon la rencontre, et, lui faisant la guerre,
Lui dit : Insensée ! Où vas-tu ?
Au travail, n’est-ce pas ? Te vaut-il un fétu ?
A quoi bon prendre tant de peine
Pour les menus plaisirs d’une indolente reine ?
Travaille pour toi seule, et ce sera tout gain.
Voilà ce que je te conseille.
L’autre lui répondit :Tu me prêches en vain :
Ce qui ne tourne pas au profit de l’essaim
Ne peut être utile à l’Abeille.
Antoine François Le Bailly
1756, publié par J.L.J. Brière, 1823.